
Le maire de Bonabéri, le Préfet de la Mifi et le Sous-Préfet de Douala IV au Festival Botina en 2024
Depuis de très nombreuses décennies, les camerounais souhaitent que les Chefs Traditionnels ou Coutumiers ne soient plus qualifiés « d’auxiliaires de l’administration ». De nombreux chefs eux-mêmes trouvent ce qualificatif, au mieux réducteur, au pire, avilissant. Je voudrais ici, clamer haut et fort que le Chef Coutumier est aussi, auxiliaire de l’administration et que le débat sur cette question relève de la pure distraction.
En effet, dans ses missions quotidiennes, le Chef traditionnel sert de relais et de point focal à l’administration. C’est le cas lorsqu’une autorité administrative (Gouverneur, Préfet, Sous-préfet) lui demande de transmettre tel ou tel message à sa population. C’est encore le cas, lorsqu’il lui est demandé de rapporter tout fait survenu dans son village. En agissant suite à ces demandes, il n’exerce aucune mission coutumière. Lorsqu’il agit ainsi, il aide et accompagne l’administration, en réalité dire les administrations, dans leur travail. C’est un fait que personne ne peut nier, sauf à être de mauvaise foi. Lorsque le même Chef Coutumier conduit un rite, prend des décisions sur certaines pratiques coutumières, donne ses bénédictions à sa population, règle des litiges dans les familles, il ne tient plus ses prérogatives de l’administration, mais de la coutume.
Ce que j’affirme ici, est que le Chef coutumier a un déploiement multidimensionnel, une compétence plurielle. Il a droit, pouvoir et qualité, tour à tour, successivement ou concomitamment, pour agir soit avec la force de l’administration dont il prend alors le statut d’auxiliaire, soit avec la force de la coutume dont il est le gardien et le bras. Il est comme cet ambassadeur ou ce gouverneur qui à telle manifestation est le représentant du Chef de l’Etat, à telle autre le représentant du Premier Ministre et à telle autre encore, le représentant de chacun des membres du Gouvernement. J’assume donc totalement que le Chef coutumier que je suis est à la fois gardien de nos us et coutumes lorsqu’il agit dans ce cadre et auxiliaire de l’administration lorsqu’il accompagne cette dernière dans ses missions. Le Chef n’est donc pas que gardien des us et coutumes ; il n’est pas qu’auxiliaire de l’administration. Nous devons assumer avec fierté d’être l’un (gardien des us et coutumes), mais aussi l’autre (auxiliaire de l’administration). Cela n’a rien de dévalorisant. J’ai dit.
Hiko Oli XVI
Chef Coutumier Suprême de Sodiko
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